Par une loi en date du 1er juillet 2018, le premier ministre avait mis en application la limitation de vitesse à 80 km/h au lieu de 90 km/h sur les « routes bidirectionnelles sans séparateur central« . Le dispositif est finalement en cours de retrait.
Lors de l’entrée en vigueur de cette loi relative à la limitation de vitesse à 80 km/h, le gouvernement s’était engagé à mener l’évaluation de l’efficacité réelle de cette mesure. Et ce, au terme de deux années consécutives d’expérimentation. Pour rappel, l’objectif de la loi consistait à épargner 400 vies par an.
Ainsi, le Comité Indépendant d’Évaluation a réalisé une étude pour déterminer l’impact réel de ce nouveau dispositif. La comparaison des chiffres de la mortalité routière recueillis avant et après l’entrée en vigueur de la loi a fait apparaître une diminution, toutes causes confondues, de 148 tués sur le réseau concerné. Pour la période courant de juillet 2018 à juin 2019.
Limitation de vitesse à 80 km/h : résultats effectifs
On ne peut attribuer cette différence que partiellement à la limitation de vitesse à 80 km/h. En effet, il s’agissait de considérer plusieurs autres facteurs pour déterminer l’efficacité réelle de cette mesure. C’est pourquoi on a d’abord identifié puis retranché ces derniers. Résultat : le nombre des tués au cours des douze premiers mois de mise en œuvre dispositif n’a baissé en réalité que de 39. Soit 0,4 tués par département, autrement dit, une valeur statistique non significative assimilable à une marge d’erreur.
Par conséquent, après 19 mois d’application de la limitation de vitesse à 80 km/h, rien ne permet d’affirmer que la mesure a eu un effet positif. C’est la raison pour laquelle la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) a autorisé fin décembre 2019 certains départements à relever à 90 km/h la limitation de vitesse sur les tronçons passés à 80 km/h le 1er juillet 2018. Cependant les recommandations du Conseil national de la sécurité routière sont si draconiennes que de nombreux présidents de département ont préféré renoncer.
Et pour cause : “Les tronçons proposés devraient avoir une longueur de plus de 10 km, sans intersection, sans arrêt destiné aux transports en commun, sans traversée de hameaux ni circulation d’engins agricoles.” En parallèle, “des séparateurs centraux devraient être installés sur ces tronçons. Des “zones de récupération” de deux mètres de large ainsi que des “zones de sécurité” de quatre mètres de large devraient être aménagés.” Enfin, “un système de contrôle automatisé devrait être mis en œuvre, impliquant une nouvelle multiplication des radars…”
Les rangs de ceux qui se prononcent pour un retour à 90 km/h s’étoffent
L’association de la Ligue de Défense des Conducteurs réalise des comptages quotidiens de ces départements opiniâtres, qui ont d’ores et déjà évalué le kilométrage précis des routes concernées. Elle dresse la liste des 20 533 km de routes qui reviennent à 90 km/h dans 24 départements pionniers :
- Corrèze : 4 700 km (totalité du réseau précédemment à 90).
- Cantal : 4 000 km (totalité du réseau précédemment à 90).
- Orne : 2 382 km.
- Côte-d’Or : 1050 km.
- Aveyron : 900 km.
- Essonne : 600 km.
- Loir-et-Cher : 560 km.
- Vienne : 500 km.
- Hérault : 490 km.
- Seine-et-Marne : 487 km.
- Haute-Marne : 476 km.
- Loiret : 473 km.
- Charente : 450 km.
- Creuse : 440 km.
- Maine-et-Loire : 410 km.
- Indre-et-Loire : 400 km.
- Sarthe : 400 km.
- Jura : 400 km.
- Calvados : 393 km.
- Dordogne : 275 km.
- Deux-Sèvres : 246 km.
- Hautes-Pyrénées : 227 km.
- Indre : 220 km.
- Bas-Rhin : 54 km.
Une dizaine d’autres départements favorables au retour à la limitation de vitesse à 90 km/h sont encore en phase d’analyse des routes potentiellement concernées. Il s’agit des Alpes-Maritimes, de l’Aube, de la Haute-Loire, de la Haute-Saône, de la Lozère, de l’Oise, des Pyrénées-Atlantiques, du Tarn, des Vosges…