Les voies réservées au covoiturage font partie du bouquet de mesures prévues par la loi d’orientation des mobilités promulguée fin 2019. Si elles ont fait leur apparition timidement et en toute discrétion, leur développement s’est accéléré ces derniers mois dans toute la France. Les premiers retours d’expérience sont-ils concluants ? Que risquent les usagers qui les empruntent sans en avoir le droit ?
Qui dit ralentissements de la circulation dit bouchons. Et qui dit bouchons dit augmentation des temps de trajet et pollution. C’est sur ces constats que les pouvoirs publics développent depuis sept ans les voies réservées au covoiturage. Appelées également VR2+, l’une des premières a vu le jour sur l’avenue Marcel-Dassault à Mérignac près de Bordeaux. Depuis, plusieurs autres ont fleuri à Grenoble, Lyon, Strasbourg, Nantes et Annecy. D’autres sont déjà l’étude à Rouen, Saint-Étienne et Dijon.
Leur signalisation est reconnaissable par le losange lumineux blanc qui marque le début de chacune d’entre elles. En complément, des panneaux spécifiques indiquent les véhicules autorisés à les utiliser : les voitures embarquant au moins deux personnes, les transports en commun, les taxis et les véhicules classés Crit’Air 0. Objectifs :
- Accroître le nombre de personnes transportées sans augmenter le nombre de véhicules.
- Équilibrer le trafic de la zone où l’on a installé une voie réservée au covoiturage. Le but : éviter le blocage de la circulation.
- Favoriser les comportements responsables notamment durant les heures de pointe. Ainsi, les premiers retours suite à l’installation des premières VR2+ semblent confirmer qu’elles avantagent les conducteurs qui pratiquent le covoiturage.
Voies réservées au covoiturage et loi d’orientation des mobilités
Publiée au Journal officiel le 26 décembre 2019, la loi d’orientation des mobilités a pour principal but de faciliter l’accès aux transports en commun tout en les rendant moins coûteux et plus propres. Entre autres, grâce à un investissement considérable de 13,4 milliards d’euros étalé sur la période 2017-2022. De fait, il s’agissait pour les pouvoirs publics de rediriger les dépenses de l’État consacrées depuis plusieurs années aux grands projets à l’instar du TGV au bénéfice des besoins du quotidien en matière de transport.
Si les 3⁄4 de l’investissement global porté par la loi ont été attribués au transport ferroviaire (entretien des réseaux, plan RER pour les métropoles, désenclavement des territoires ruraux), le quart restant a été engagé dans des solutions en faveur d’une mobilité pratique, écologique et durable. Celles-ci s’appuient sur un certain nombre de projets cofinancés avec les collectivités, sur les innovations digitales. Ainsi que sur une coordination renforcée des acteurs privés (VTC, livreurs, plateformes). En outre, le covoiturage est activement privilégié pour les trajets privés ainsi que pour les trajets domicile-travail (VR2+, aires spécifiques et forfait mobilité).
Premiers retours : voix discordantes
Selon les collectivités ayant déjà mis en place des voies réservées au covoiturage, comme c’est le cas à Lyon sur les routes métropolitaines M6 et M7 depuis le 21 décembre 2020, les voies réservées au covoiturage, loin de générer des bouchons supplémentaires, ont participé à l’amélioration de la fluidité du trafic. Toutefois, du côté des usagers de la route, certaines interrogations demeurent.
D’une part, plusieurs d’entre eux mettent en avant le non-respect de ces voies. Ainsi, ils y croisent régulièrement des véhicules exclus de la liste de ceux autorisés à les emprunter. Et ce, durant les heures de pointe propices à la formation des bouchons. D’autre part, ils sont nombreux sur le web à noter des dysfonctionnements quant aux radars servant à dénombrer les personnes dans chaque véhicule. En cause notamment : les vitres teintées et les pare-soleil, les sièges-auto pour bébés retournés à l’avant côté passager et les véhicules classés Crit’Air 0 non-reconnus.
Voies réservées au covoiturage : quel avenir ?
Ceci dit, que les usagers se rassurent : si les radars sont encore en cours d’homologation et de perfectionnement, ils sauront bientôt démontrer toute l’étendue de leur efficacité. En parallèle de ceux, pédagogiques, déjà installés, d’autres sont en phase de test. Pour certains, plusieurs caméras installées à quelques mètres d’intervalle les équiperont. Pour d’autres, toutes les caméras seront intégrées à un seul gros boîtier.
Une chose est sûre : tous les radars disposent déjà de caméras latérales et frontales. Celles-ci sont associées à des infrarouges afin d’obtenir des images de haute qualité de l’intérieur de chaque véhicule. Et ce, dans n’importe quelle condition d’éclairage et/ou météorologique, y compris la plus extrême. Ces images sont finalement analysées par des logiciels d’intelligence artificielle. Ces derniers perfectionnent la précision de leurs résultats à chaque nouveau cliché.
Une fois les radars homologués, chaque conducteur utilisant à tort une voie réservée au covoiturage risquera une amende de 135 euros. Une amende qu’il doit d’ores et déjà réglée aujourd’hui en cas de contrôle mis en place par les forces de l’ordre.