Les chiffres publiés en juin dernier par la Sécurité routière font froid dans le dos. En effet, la mortalité a fortement augmenté sur les routes en 2022 par rapport à 2019, année de référence depuis la crise du Covid-19. Et les plus fortes hausses concernent en premier lieu les deux-roues dans leur ensemble.
21% : c’est l’augmentation des accidents de la route mortels entre mai 2022 et mai 2019, année de référence depuis le début de la pandémie de Covid-19. Un chiffre qui ne peut qu’alarmer surtout si l’on considère la tranche d’âge la plus impactée par cette hausse. En l’occurrence, les 18-24 ans : 51 morts, soit une augmentation de 27% par rapport à 2019 et de 54% par rapport à 2021.
Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) a avancé que la hausse moyenne de 10% des déplacements par rapport à mai 2021 pouvait expliquer cette augmentation des accidents mortels. Malgré tout, d’autres facteurs sont à considérer si l’on s’attarde plus particulièrement sur la mortalité des conducteurs de deux-roues motorisés et celle des cyclistes.
La mortalité des cyclistes multipliée par quatre
En tout, ce sont 22 cyclistes qui ont trouvé la mort en mai 2022 contre 6 en mai 2019 avant la crise du Covid-19. Cette forte augmentation peut s’expliquer, d’une part, par le nombre croissant de cyclistes sur les routes françaises : 39% de plus qu’en 2019. D’autre part, au regard du non-respect des automobilistes vis-à-vis des cyclistes et de l’augmentation notable des violences routières dont ces derniers sont victimes.
Enfin, le bilan de l’accidentalité routière paru en 2021 révèle une autre réalité : celle où le cycliste se tue seul, sans choc avec un autre usager de la route. Cette réalité concerne un cycliste sur trois. Elle a encouragé certaines instances publiques locales, associatives et privées à concevoir des formations spécifiques accompagnées pour certaines par la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Elles les dispensent entre autres aux salariés des entreprises pour acquérir tous les automatismes et les bonnes pratiques à vélo.
Sécurité routière : équipements obligatoires et recommandés à vélo
Sur le site de la Sécurité routière, une page dédiée à ces équipements est accessible. Elle liste ceux qui sont obligatoires comme les freins, l’avertisseur sonore, le gilet rétroréfléchissant… Mais également ceux recommandés comme c’est le cas pour le casque pour une personne âgée de plus de 12 ans. En effet, le casque obligatoire ne concerne que les enfants pour le moment. Mais même lorsqu’on ne l’est plus et que l’on souhaite privilégier la prudence, mieux vaut l’adopter.
Les deux-roues motorisés également touchés
Les conducteurs de deux-roues motorisés font aussi partie des usagers de la route les plus impactés par la hausse des accidents mortels. Le nombre de morts a pratiquement doublé entre mai 2019 et mai 2022 : 92 en tout contre 50 trois ans auparavant. Soit un mort sur trois. La météo très favorable cette année en mai a été avancée par les pouvoirs publics pour expliquer en partie cette augmentation dramatique.
Cependant, ils ont également prévu de lancer plusieurs campagnes de prévention et d’accentuer les contrôles routiers dans la perspective des nombreux déplacements prévus durant les vacances d’été.
Deux-roues motorisés : pensez équipements avant sensations
Pour rappel, les traumatismes crâniens sont la cause majeure de handicaps sévères et de décès parmi les utilisateurs de deux-roues motorisés (motos, scooters, quads…). Ainsi, le casque n’est pas seulement un équipement obligatoire : il peut vous sauver la vie.
Gants certifiés CE, gilet jaune de haute visibilité homologué CE et éclairages en bon état de fonctionnement sont les autres accessoires obligatoires. En outre, misez sur la prudence là-aussi en vous couvrant le corps complètement à l’aide d’une tenue adaptée. Et ce, afin d’éviter les brûlures et les autres séquelles graves en cas de chute.
Sécurité routière et augmentation de la mortalité des deux-roues : l’avis de votre avocat
Les causes de la mortalité des deux-roues sont multiples :
- D’une part, on observe trop souvent l’absence d’équipements de sécurité des usagers.
- D’autre part, et c’est encore plus inquiétant, leur méconnaissance des règles du Code de la route. Pourtant, si les deux-roues cyclistes n’ont aucune obligation de les apprendre, elles s’appliquent à n’importe quel usager de la route.
Ainsi, une grande partie des cyclistes ignore la signification des panneaux de signalisation. C’est le cas notamment dans les grandes villes où le vélo s’est beaucoup développé ces dernières années du fait de sa facilité d’accès et de l’évolution des usages en matière de mobilité. Cette réalité concerne en premier lieu les cyclistes n’ayant aucun permis de conduire. Tout comme les utilisateurs de trottinettes électriques.
Des comportements inadaptés au volant
L’attitude des automobilistes sur la voie publique est également l’un des principaux facteur de cette hausse de la mortalité des deux-roues. Consommation d’alcool, de stupéfiants, vitesse excessive : récemment, Lucie, 29 ans, jeune cycliste qui se rendait au travail au petit matin à vélo a été heurtée et tuée par un automobiliste alcoolisé. Ce dernier avait décidé de prendre le volant pour rentrer chez lui en dépit de son taux d’alcoolémie élevé. Il a été condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis et à l’annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser avant un délai de trois ans.
Si la sanction peut sembler “légère”, elle est malheureusement à la hauteur des circonstances de l’accident, du profil de l’auteur de l’infraction et de sa personnalité. Comme l’a indiqué le Procureur de la République lors de l’audience, cette sanction s’inscrit dans une violence routière habituelle. “Et ce n’est pas l’image la pire qui vient devant notre juridiction.” Dans cette affaire, l’absence de lumière sur le vélo de la jeune femme a été soulignée. Aussi, face à la recrudescence des accidents subis par les deux-roues et à l’augmentation constante du nombre d’usagers à vélo et des trottinettes électriques, il serait peut-être utile d’envisager une formation minimale obligatoire. À l’instar du BSR pour les scooters et cyclomoteurs.